La photo de portrait repose sur une double exigence. Elle intime au photographe une connivence spontanée avec son modèle ainsi qu’une dextérité technique qui participe à cette relation indispensable avec la personne que l’on photographie.
QUEL PHOTOGRAPHE ÊTES-VOUS ?
De Marylin Monroe, a Brad Pitt, en passant par Mohamed Ali, l’histoire est jalonnée de portraits photographiques emblématiques. Ces images ont permis de promouvoir leurs images de stars et leurs personnalités à travers la relation qu’ils ont développée avec le photographe.
Ces instantanés sont gravés dans l’esprit du public et ont forgé leurs carrières. L’ironie du sort veut que le nom du photographe a souvent été « oublié » face à l’impact médiatique de ces photographies.
Cet exemple montre combien la relation qui unit un photographe à son modèle est primordiale pour obtenir une image percutante, qui soit le juste reflet de la personne tout en racontant un storytelling approprié et accepté du public. L’aspect relationnel devient primordial. Elle détermine la part d’abandon et le degré de confiance qu’un modèle va placer dans le photographe pour réaliser son portrait. De même pour le photographe, cela revient à franchir un cercle intime avec son sujet, seul sésame pour réussir son projet photographique.
Dans cette quête, le modèle doit avoir la conviction que les choix techniques ou artistiques du photographe sont en adéquation avec son image.
Trop nombreuses sont les personnes qui sont mal à l’aise avec leur portrait une fois figé sur le papier, tout comme certaines sont d’un naturel désarmant face à l’objectif et n’auront aucunes réticences à accepter une scénarisation dans la prise de vue si le résultat photographique est réaliste et probant. Le photographe se retrouve donc au cœur d’une problématique où l’empathie, ses idées créatives et sa propension à les assumer techniquement sont décisives pour convaincre son modèle d’adhérer à son projet photographique.

QUELLE FOCALE POUR LE PORTRAIT ?

Dans cette recherche d’une image fidèle, le matériel doit permettre de traduire les intentions du photographe. De nombreux professionnels, spécialistes du portrait, ne jurent que par le 85 mm à grande ouverture.
Son angle de champ est idéal pour des cadrages dits « en buste » et son grandissement réduit les distorsions optiques, notamment sur les bords de l’image. Le portrait est ainsi plus fidèle car les volumes du visage et son modelé sont plus conformes à la réalité.
Il est vrai que le marché recèle de véritables pépites comme le Nikkor AF-S 85 mm f/1.4G et la version f/1.8 en Nikkor Z ou encore le Canon EF 85mm f/1.2 L USM II. Chez Sony, la serie GMaster offre deux objectifs exceptionnels : le FE 135mm f / 1.8 GM (The True King of Bokeh) et le Sony FE 85mm f / 1.4 GM. Sans oublier le FE 55mm f / 1.8 Zeiss et FE 50mm f / 1.4 Zeiss.
Sans oublier les optiques dédiées aux capteurs APS-C et Micro 4/3. Par exemple, l’ Olympus 25 mm f / 1.8 l’Olympus 45 mm f / 1.8, l’Olympus 75 mm f / 1.8.
LA LUMIERE
Sans être obligatoire, on veillera à ce que le boitier soit doté d’un petit flash, toujours très utile pour déboucher un portrait (sous un chapeau par exemple) ou encore pour déporter l’éclair d’un autre flash piloté sans fil. Un flash externe de type cobra est indispensable.
Plus que tout autre discipline photographique, le portrait exige un éclairage maîtrisé et cet accessoire rend bien des services au photographe de portrait. La palette de variation des rendus s’en trouve décuplée surtout si vous pensez à vous équiper de diffuseurs qui selon vos désirs canalisent ou diffusent le flux lumineux sur le visage de votre sujet. Un réflecteur est aussi bien utile. Les modèles pliables prennent peu de place dans le sac et sont de remarquables outils pour équilibrer un éclairage ou déboucher une zone du visage.

Enfin on recommandera l’usage d’un pied. Non pas que photographier à mains levées soit impossible, mais parce que celui-ci permet de fixer le cadre de sa prise de vue tout en permettant au photographe de se concentrer sur sa composition et la pose de son modèle pour obtenir l’image qu’il a en tête. Dans cette configuration le contrôle se fait en un clin d’œil via le viseur ou l’écran LCD arrière. Pour ceux qui recherche un éclairage sophistiqué et une vraie scénarisation de la prise de vue, que ce soit en studio ou en extérieur, il vous faudra opter pour des boîtes à lumière, des torches et des fonds qui, combinés, offrent tous les moyens de maîtriser totalement l’éclairage du sujet.
COMPRENDRE LA LUMIERE

En portrait, la lumière est fondamentale. Plus on est à même de la comprendre, de l’analyser, de la canaliser ou de la créer, plus vos portraits photographiques seront réussis et impactants. Les conditions de prise de vue (intérieur ou extérieur) sont déterminantes. C’est la raison pour laquelle un flash externe et des diffuseurs sont un précieux recours en toutes circonstances. Ils permettent de déboucher aisément et sans un équipement encombrant les zones d’ombre sur le visage ou de piloter des flashs distants pour parfaire l’éclairage du sujet. Une forme cobra est conseillée car elle permet de jouer sur le flux directionnel de l’éclair afin d’éviter un éclairage trop direct et disgracieux, comme en visant le plafond d’une salle (idéalement blanc) pour que l’éclair se réfléchisse et illumine votre sujet de façon plus douce.
C’est souvent la petite touche technique dans l’éclairage qui fait la différence en portrait.
L’illumination des cheveux par un contre-jour est un bel exemple, il sépare nettement le sujet l’arrière-plan et donne du relief à la photo.
De même en studio, les photographes recherchent à faire étinceler le regard du modèle par le reflet d’une boîte à lumière ou d’un flash parapluie. Son influence et son effet sont dictés par la forme et la taille de ces derniers. C’est ce qui donnent de la vie au regard !
MAITRISER LA LUMIERE

L’ombre de la lumière indirecte ainsi produite sera beaucoup plus diffuse. L’emploi de diffuseurs ou de réflecteurs est aussi précieux pour équilibrer une scène en renvoyant le flux de lumière sur son sujet. Une autre précaution consiste à calculer l’angle de réflexion de l’éclair. Si la lumière est envoyée à 90° vers le haut, l’éclairage sera peu flatteur sur le sujet qui verra son visage mal éclairé. Il est préférable d’opter pour un angle de 45° afin que la lumière soit mieux répartie sur le visage. Le déclenchement à distance du flash, sans fil, est une autre option.
L’emploi de gélatine et de diffuseurs permettent des effets spectaculaires avec un rendu vigoureux du grain de la peau. Il ne faut pas oublier que la quantité de lumière émise par un flash s’amenuise peu à peu en fonction de la distance. Le photographe peut exploiter ce phénomène physique et créer ainsi toute une gamme d’effets rien qu’en repositionnant le sujet.
Plus sophistiqué et plus contraignant, l’emploi de boîtes à lumières et de torches est l’assurance d’un éclairage doux et harmonieux. De par leur modularité, ils permettent d’avoir une maîtrise totale de l’éclairage, de son intensité jusqu’à leur orientation pour obtenir les effets désirés.
Sachez que si vous ne disposez d’aucun éclairage artificiel (flash, torche, boîtes à lumière) une astuce consiste à guetter les lieux qui laissent filtrer le moindre rayon. Par exemple la lumière provenant d’une fenêtre isolée permettra de réaliser facilement d’élégants portraits en profitant de la mesure spot et en plaçant le sujet face à cette lueur providentielle. Elle peut être modelée par un voilage qui diffusera les rayons du soleil. Au besoin débouchez la partie du visage à l’ombre à l’aide d’un réflecteur.
QUELQUES ASTUCES TECHNIQUES

La mise au point en portrait est systématiquement faite sur les yeux du modèle. Dès lors toute la réflexion et l’expression artistique partent de là. Si l’angle de la prise de vue et la profondeur de champ ne permettent pas que les deux yeux soient nets, on choisira l’œil le plus proche pour fixer la netteté afin de ne pas perturber la lecture de l’image finale.
C’est souvent la petite touche technique dans l’éclairage qui fait la différence en portrait. L’illumination des cheveux par un contre-jour est un bel exemple.
Lorsqu’il existe, il sépare nettement le sujet l’arrière-plan et donne du relief à la photo. C’est par contre impossible à réaliser pour une photo de groupe ou si le sujet bouge beaucoup. De même en studio, les photographes recherchent à faire étinceler le regard du modèle par le reflet d’une boîte à lumière ou d’un flash parapluie.
Son influence et son effet, très subjectifs, sont dictés par la forme et la taille de ces derniers. Mais ils donnent de la vie au regard!
UTILISATION DE LA PROFONDEUR DE CHAMP

Une autre astuce très connue des spécialistes de la photographie de portrait consiste à isoler le portrait de son sujet en ouvrant le diaphragme. À de telles ouvertures (f/1,2 à f/1,8), on bénéficie d’un bokeh (flou d’arrière plan) bien commode pour estomper un arrière plan disgracieux ou perturbant. Ce bokeh est aussi un moyen technique de renforcer l’impact d’un portrait cadré serré. En effet la profondeur de champ étant très réduite, il faudra veiller à faire une mise au point très précise pour que ce flou ne dérange pas. C’est idéal pour souligner un regard chez un modèle : la netteté sur les yeux est parfaitement magnifiée par la zone de flou qui estompe harmonieusement le reste du visage.
Il existe sur certains boîtiers des testeurs de profondeur de champ qui permettent de visualiser son étendue par un effet de grisement dans le viseur de manière à contrôler ce qui est net et ce qui ne l’est pas !
Cela a son importance car un 50 mm à f/1.8 ou même f/1.4 sont beaucoup plus abordables qu’un 85 mm aux mêmes ouvertures, sachant qu’un 50 mm monté sur un capteur APS-C (coefficient x1,5) équivaut à un 75 mm en 24×36.